Débats en cours

Submitted by admin on Tue, 2006-07-25 16:57.

Sortir du ghetto...

La question de l'ouverture de nos groupes et réseaux, qui cèdent parfois au schéma de la tribu identitaire et fermée, s'est posée à plusieurs reprises : comment sortir d'un ghetto d'activistes sûr-e-s de leurs vérités et de leurs méthodes, sans diluer l'aspiration radicale de nos luttes et pratiques ? Ainsi, en jetant un regard sur la composition des assemblées, en Europe en tout cas, on constate qu'elles sont majoritairement constituées de « spécialistes » du militantisme âg-é-es de 20 à 30 ans ” même si on voit passer quelques cheveux blancs ” et une hégémonie de personnes blanches issues des classes moyennes. Ces observations sont révélatrices du manque de liens avec les autres catégories de gens (notamment les immigré-e-s et sans-papiers, mais aussi plus généralement les classes populaires). Une contradiction problématique de nos luttes, et d'un réseau qui se revendique Action Mondiale des « Peuples ».

Aperçu des réflexions stratégiques...

Les thèmes de discussions et campagnes politiques abordées étaient multiples. Cependant, quelques grandes questions ont pu agiter les débats. En voici un aperçu. Le champ des contre-sommets qui a constitué un crédo commun pendant à peu près deux ans a fait l'objet depuis le printemps 2000 de diverses critiques : piège de la spirale répressive, manque d'attention aux luttes locales, récupération par la gauche citoyenniste, recherche du consensus unitaire et de la masse aux dépends d'une analyse de fond, perte de l'effet de surprise, du choix du lieu, du temps, manque du renouvellement constant nécessaire à l'efficacité de nos actions. Depuis Seattle, les contre-sommets devraient pour certain-e-s être abandonnés aux syndicats et ONG. Adeptes de l'action concrète et directe, beaucoup veulent créer la surprise sous d'autres formes et dans des territoires moins quadrillés par les forces de répression. D'autres estiment que même si ces critiques sont sans nul doute fondées, il serait regrettable d'abandonner tout simplement le terrain aux flics et réformistes quand on sait que l'énorme « aimant » que nous avons créé attire encore des milliers de personnes pour qui le bla-bla social démocrate n'est pas forcément le crédo. Il semble aussi évident que nous ne pouvons affirmer vouloir sortir d'un ghetto et parler à toute sorte de personnes, si nous refusons catégoriquement de parler à des militant-e-s d'ATTAC par exemple ou d'autres attiré-e-s par les contre-sommets.

Intimes et politiques, sans enfermement...

Il s'agissait aussi, dans tous les cas, de ne plus identifier l'ennemi aux seules grosses multinationales et institutions financières, mais de recentrer la critique sur l'état, le contrôle social, ainsi que sur les rapports de domination (dont le sexisme, racisme, homo/lesbophobie...), et à la manière dont ils s'intègrent en nous-mêmes, dans notre quotidien et aux divers échelons des rapports sociaux. En restant inventif/ve/s et imprévisibles, il reste possible de secouer la résignation et le goût pour l'aliénation de nos contemporain-nes. Il a été parlé de développer des chantiers d'autonomisation, des actions ludiques, assemblées de rue, caravanes ponctuelles ou permanentes, campements, occupations ou nouvelles journées internationales d'actions dans des lieux et heures que nous choisirons.

Espaces d'autonomie et répression...

L'importance des expériences autogestionnaires, des squats et autres zones autonomes temporaires ou permanentes, et les périls qui les guettent actuellement en Europe, ont été soulignés. Des suggestions quant à diverses formes de camouflage ou de tactique anti-répression ont aussi été partagées dans l'optique d'éviter les petites cases (cages...) de terroristes dans lesquelles on cherche à nous enfermer.

Sans star médiatique ni expert-e ou théoricien-ne attitré-e, l'AMPe avance, grâce aux apports multiples des créativités singulières, dans le défi de reconstruire des cadres communs pour l'action collective à l'attention de ceux et celles qui n'ont aucune aspiration à se reconnaître dans la gauche des partis et des syndicats avec leur cortège d'organisations hiérarchiques et puritaines.