Ghetto radical

Submitted by admin on Tue, 2006-07-25 10:31.

La question du ghetto radical et des moyens d'ouverture...

Deux remarques à propose du "ghetto" :

  • Marginalisation des milieux radicaux: comment "sortir du ghetto" sans se faire bouffer par des relations avec des ONG, etc., réformistes ?
  • Destruction du militantisme et développment d'un mode de vie sans cloisonnements sphère privée - sphère militante - sphère du travail. Et autres malaises des activistes. Peut-on imaginer des pratiques plus satisfaisantes ?"

Ces deux questions sont un peu différentes, mais les deux tournent autour du même problème: Comment garder et developper notre identité ? politique, mais sans pour cela devoir s'isoler des autres - ou de certaines parties de nos propres vies ?

Le "ghetto", le groupe identitaire et ses pratiques militantes, nous permettent de nous regrouper, exister, résister par rapport à la pression des normes et pratiques dominantes. C'est probablement impossible pour une partie d'un groupe social de se différencier d'un autre sans développer des pratiques, valeurs, langage, voire des goûts musicaux, des genre d'habits (noirs !), etc., qui leur sont propres. Ca nous renforce. On aime. C'est bien.

Le problème, c'est que nos pratiques et valeurs visent un changement global de la société ? Pas de seulement se faire un trou plus ou moins confortable. Et nous n'y arriverons que si nous arrivons à nous faire comprendre par - et nous coordonner avec - d'autres sortes de personnes dégoûtées par cette société. A défaut, le radicalisme peut devenir une sorte d'élitisme hautain : les anti-capitalistes, anarchistes, etc., seraient les éluEs, purEs, courageux, qui ont tout compris, mais qui restent entre eux parce que les autres ne peuvent pas comprendre... Bon pour l'ego, mais pas très efficace. Et souvent, de fait, cela dérive gentiment vers une pratique corporatiste. Chacun lutte pour ses intérêts en premier, et c'est bien, mais si on ne s'intéresse finalement qu'à la défence de notre milieu (disons les squats, par ex.) quelle différence avec le corporatisme syndical qu'on critique (les syndicalistes pensant de leur coté que les squatteurs ne cherchent qu'à loger gratis...) ? Au pire, avec le temps, cela dérive vers le cocon alterno ou l'anarchisme cynique de droite.

Ce n'est pas qu'on fait exprès! Mais comment briser ces cloisons et les stéréotypes que les medias créent entre les gens ? Dans nos sociétés on n'a plus trop l'habitude de causer directement avec les gens. C'est à travers la TV qu'on sait ce qui se passe. Nos affiches, tracts, manifesations ont une certaine efficacité ? pour regrouper "notre bande" (quelle qu'elle soit), mais quel effet sur les autres passants-habitants de nos villes ? C'est au point que souvent il n'y a persone qui veut essayer de distribuer des tracts ou causer avec les gens, au fond parce qu'ils ne savent pas comment. Au fond, la manif existera vraiment que si les medias en parlent. Et c'est eux qui "reformuleront" notre discours ! A la conférence de l'AMP Europe à Leiden il y avait un type un peu naif de la base d'Attac qui était venu. Je trouvais super intéressant de voir comme nous avions de la peine de lui expliquer nos critiques de cette ligne-là. Nous n'avons pas l'habitude. Mais si on ne sait même pas discuter avec la base d'ATTAC... Et puis on est forcément assez schizo parce que (encore heureux !) nous ne sommes pas des activistes à plein temps, et dans les sphères du boulot ou du privé, nous avons forcément des contacts où les règles sont différentes.

Par rapport à ça il y a évidemment plein de gens qui rêvent (ou pratiquent) des projets de vie plus globaux, qui essaient d'abattre ces cloisons dans leur vie en organisant toute leur vie (relations privées, boulot, etc.) de façon cohérente avec leurs idées. C'est très bien si on y arrive, mais évidemment cela repose la question du ghetto et des rapports avec "l'extérieur" de façon encore plus forte.

Il y a pourtant des expériences intéressantes pour sortir de ces impasses: le "lieu commun" à Genève, des théâtres ou happenings de rue (ou de magasin) différentes, les histoires ? la première personne de "Precarias a la deriva" ("dérives" dans Madrid de femmes précaires, http://www.sindominio.net/karakola/precarias.htm). Et chacun de nous, au boulot, par ex., est-ce que nous parlons de politique ?

Bref, il y a de quoi causer... (Entre nous, évidemment ! Mais on pourrait aussi faire des travaux pratiques dans la ville.)